samedi 8 juin 2013

Vision de l'être / Visão do ser Pedro Lyra

Pedro Lyra : “Vision de l’être, Visão do Ser” LATITUDES n° 15 - septembre 2002 89 Pedro Lyra* est un poète et essayiste brésilien né le 28.01.1945 à Fortaleza au Brésil. Vision de l’être, Visão do Ser**, est une anthologie poétique, publiée au Brésil en 1999, qui rassemble, en plus de quelques inédits, une sélection de poèmes des cinq derniers livres du poète: Decisão, poemas dialécticos, 1983; Desafio, uma poética do amor, 1991; Contágio, poesia do desejo, 1993; Errância, uma alegoria transhistórica, 1996; Jogo, um delírio erótico-metafísico-económico, 1999. Pedro Lyra est l’auteur de huit textes de poésie et de huit essais. Ce poète appartient à la génération 60, qui s’est révolté contre la dictature militaire, qui a sévi au Brésil dès 1964, et qui défend une idéologie marxiste. Ces deux références sont Brecht et Maïakovski. Pour lui, la poésie est une arme (poème idéologemme) qui peut pousser le lecteur à la révolte en favorisant une prise de conscience et en modifiant les esprits. Mais nul besoin d’avoir connu la dictature militaire pour comprendre ses poèmes, car ils sont étonnamment (et cruellement) actuels. Ils ne parlent pas d’autre chose que de nous-mêmes et de notre monde, de notre société actuelle. Ce sont d’abord des poèmes de dénonciation: la dénonciation d’un système qui broie l’homme et son avenir. Pedro Lyra est un poète socialiste qui défend des idéaux et développe une vision de l’homme et de son destin social. Il confronte avec ironie le rêve: tout ce qui devrait être possible et la réalité, toutes les promesses abandonnées, non tenues de la vie. Il est question dans ses poèmes d’une désillusion, d’un amer constat. Il regarde la poésie de la vie et de la nature, de l’amour écrasé par la réalité sociale et économique: la pauvreté, la faim , l’injustice, la Loi et les privilèges, les enfants qui mendient, les hommes qui fouillent dans les poubelles, les jeunes sans repères, comme autant de promesses, de fleurs qui ne peuvent être cueillies (cf. les poèmes “Chant à un lundi de décembre”, “Dans le parc”, “Paysage”). Il dénonce un système (capitaliste), où le travail au quotidien devient une mécanique qui empêche de vivre, de profiter d’un beau jour, du soleil, du parfums des arbres, des choses simples de la vie dont il fait l’apologie, car ses poèmes sont aussi des poèmes de sagesse, de conseil, proches de la poésie orientale (poèmes, “Chant à un lundi de décembre”, “Un jour”, “Les sonnets de consolation”). Le travail n’est plus qu’un esclavage, car il faut suivre sur le plan matériel, alors que le travail devrait être une construction. Qui ne se reconnaîtra- pas dans ces quelques vers : “Ce que je vois (...) ce sont des hommes qui luttent dans les bureaux - dont ils sortent l’âme hypothéquée. Chez tous, l’incertitude de l’avenir. Et l’ornière du présent.” (poème “Paysage”) Pedro Lyra réécrit, à partir de l’observation du quotidien, une nouvelle genèse, comme une nouvelle Bible: pour offrir sa vision de l’homme et de la vie, pour retracer le sort de l’homme, comme une promesse non tenue. La beauté de la vie opposée à ce à quoi elle finit par se réduire, comment l’homme utilise sa liberté, ou ne l’utilise pas justement, car on l’en empêche. Il réfléchit et il médite, à coups de parenthèses, sur ces entraves qui empêchent l’homme d’être, de profiter pleinement de la vie et de construire son propre monde et sa propre histoire, alors que c’est justement ce pourquoi il est fait, son “projet (Sonnet d’affirmation). Ou comment la réalité sociale peut pervertir le sens naturel de la vie. “Quant aux épines, elles peuvent bien continuer à blesser les fleurs” (poème “Poétique”) * Pedro Lyra est professeur de poétique à l’Université fédérale de Rio de Janeiro et consultant culturel des éditions Topbooks à Rio de Janeiro. * *Pedro Lira : Vision de l’être, Visão do Ser, anthologie poétique, organisation, étude et texte final traduit du portugais (Brésil) par Catherine Dumas, édition bilingue, L’Harmattan/Topbooks, Fundação Cultural de Fortaleza, Rio de Janeiro/Fortaleza/Paris, 2000, 258 p. Pedro Lyra : “Vision de l’être, Visão do Ser” Bárbara de Lacerda

As duas faces

olhe bem citadao, e veja o mondo que construimos para seus filhos Absoluta tranquilidade na ruas Nehuma voz de discordancia Todos num produtivo labor È paz, è ordem, è trabalho E motivo nehum para insatisfaçao - Vejo Paz, ordem, trabalho Seu mundo è seguro como um quartel A vida surgio para o risco de vivé-la Nem as folhas da avores balaçam Mas eu Sonho com um mundo de movimento equilibrado Nao com a anulaçao do movimento ; Mesmo as pedras obedecem : Mas eu quero Um mundo onde os contrarios se harmonizem Nao a iliminaçao dos contrarios Atè as almas suam : Mas eu luto pur um mundo Nao apenas onde o homem realiza atividades Tabem onde as atividadesrealizem o homem Um mundo de paz, de ordem, de trabalho (e de justica, E liberdade E de Prazer Decizao

Les deux visages

Regarde bien citoyen, et vois Le monde que nous construisons pour les enfants : Une tranquillité absolue dans le s rues ; Aucun cri discordant ; Tout le monde au labeur productif C’est la paix. C’est l’ordre. C’est le travail. Aucun motif d’insatisfaction. - Je vois Paix, ordre travail Votre monde est sûr comme une caserne Et la vie a surgi pour le risque de la vivre Les feuilles des arbres ne se balancent même pas : Mais moi Je rêve d’un monde au mouvement équilibré, Pas de l ‘annulation du mouvement ; Même les pierres obéissent : Mais moi je veux Un monde où les contraires s’harmonisent, Pas l’élimination des contraires Même les âmes transpirent : Mais moi je lutte pour un monde Où non seulement l’homme réalise des activités, Mais où les activités réalisent aussi l’homme Un monde De paix, d’ordre, de travail (Et de justice, Et de liberté, Et de plaisir.) Extrait de décision

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