Pedro Lyra :
“Vision de l’être, Visão do Ser”
LATITUDES n° 15 - septembre 2002 89
Pedro Lyra* est un poète et
essayiste brésilien né le
28.01.1945 à Fortaleza au
Brésil. Vision de l’être, Visão do
Ser**, est une anthologie poétique,
publiée au Brésil en 1999, qui rassemble,
en plus de quelques
inédits, une sélection de poèmes
des cinq derniers livres du poète:
Decisão, poemas dialécticos, 1983;
Desafio, uma poética do amor,
1991; Contágio, poesia do desejo,
1993; Errância, uma alegoria
transhistórica, 1996; Jogo, um
delírio erótico-metafísico-económico,
1999.
Pedro Lyra est l’auteur de huit
textes de poésie et de huit essais.
Ce poète appartient à la génération
60, qui s’est révolté contre la dictature
militaire, qui a sévi au Brésil
dès 1964, et qui défend une idéologie
marxiste. Ces deux références
sont Brecht et Maïakovski. Pour lui,
la poésie est une arme (poème idéologemme)
qui peut pousser le lecteur
à la révolte en favorisant une
prise de conscience et en modifiant
les esprits.
Mais nul besoin d’avoir connu la
dictature militaire pour comprendre
ses poèmes, car ils sont étonnamment
(et cruellement) actuels. Ils ne
parlent pas d’autre chose que de
nous-mêmes et de notre monde, de
notre société actuelle. Ce sont
d’abord des poèmes de dénonciation:
la dénonciation d’un système
qui broie l’homme et son avenir.
Pedro Lyra est un poète socialiste
qui défend des idéaux et développe
une vision de l’homme et de
son destin social. Il confronte avec
ironie le rêve: tout ce qui devrait
être possible et la réalité, toutes les
promesses abandonnées, non
tenues de la vie. Il est question dans
ses poèmes d’une désillusion, d’un
amer constat. Il regarde la poésie
de la vie et de la nature, de l’amour
écrasé par la réalité sociale et économique:
la pauvreté, la faim , l’injustice,
la Loi et les privilèges, les
enfants qui mendient, les hommes
qui fouillent dans les poubelles, les
jeunes sans repères, comme autant
de promesses, de fleurs qui ne peuvent
être cueillies (cf. les poèmes
“Chant à un lundi de décembre”,
“Dans le parc”, “Paysage”).
Il dénonce un système (capitaliste),
où le travail au quotidien
devient une mécanique qui
empêche de vivre, de profiter d’un
beau jour, du soleil, du parfums des
arbres, des choses simples de la vie
dont il fait l’apologie, car ses
poèmes sont aussi des poèmes de
sagesse, de conseil, proches de la
poésie orientale (poèmes, “Chant à
un lundi de décembre”, “Un jour”,
“Les sonnets de consolation”).
Le travail n’est plus qu’un esclavage,
car il faut suivre sur le plan
matériel, alors que le travail devrait
être une construction. Qui ne se
reconnaîtra- pas dans ces quelques
vers :
“Ce que je vois (...)
ce sont des hommes qui luttent dans
les bureaux
- dont ils sortent l’âme hypothéquée.
Chez tous, l’incertitude de l’avenir.
Et l’ornière du présent.”
(poème “Paysage”)
Pedro Lyra réécrit, à partir de
l’observation du quotidien, une
nouvelle genèse, comme une nouvelle
Bible: pour offrir sa vision de
l’homme et de la vie, pour retracer
le sort de l’homme, comme une promesse
non tenue.
La beauté de la vie opposée à ce
à quoi elle finit par se réduire, comment
l’homme utilise sa liberté, ou
ne l’utilise pas justement, car on l’en
empêche.
Il réfléchit et il médite, à coups
de parenthèses, sur ces entraves qui
empêchent l’homme d’être, de profiter
pleinement de la vie et de
construire son propre monde et sa
propre histoire, alors que c’est justement
ce pourquoi il est fait, son
“projet (Sonnet d’affirmation). Ou
comment la réalité sociale peut pervertir
le sens naturel de la vie.
“Quant aux épines, elles peuvent bien
continuer à blesser les fleurs”
(poème “Poétique”)
* Pedro Lyra est professeur de poétique
à l’Université fédérale de Rio de
Janeiro et consultant culturel des éditions
Topbooks à Rio de Janeiro.
* *Pedro Lira : Vision de l’être, Visão do
Ser, anthologie poétique, organisation,
étude et texte final traduit du
portugais (Brésil) par Catherine
Dumas, édition bilingue,
L’Harmattan/Topbooks, Fundação
Cultural de Fortaleza, Rio de
Janeiro/Fortaleza/Paris, 2000, 258 p.
Pedro Lyra :
“Vision de l’être, Visão do Ser”
Bárbara de Lacerda
As duas faces
olhe bem citadao, e veja o mondo que construimos para seus filhos Absoluta tranquilidade na ruas Nehuma voz de discordancia Todos num produtivo labor È paz, è ordem, è trabalho E motivo nehum para insatisfaçao - Vejo Paz, ordem, trabalho Seu mundo è seguro como um quartel A vida surgio para o risco de vivé-la Nem as folhas da avores balaçam Mas eu Sonho com um mundo de movimento equilibrado Nao com a anulaçao do movimento ; Mesmo as pedras obedecem : Mas eu quero Um mundo onde os contrarios se harmonizem Nao a iliminaçao dos contrarios Atè as almas suam : Mas eu luto pur um mundo Nao apenas onde o homem realiza atividades Tabem onde as atividadesrealizem o homem Um mundo de paz, de ordem, de trabalho (e de justica, E liberdade E de Prazer Decizao
Les deux visages
Regarde bien citoyen, et vois Le monde que nous construisons pour les enfants : Une tranquillité absolue dans le s rues ; Aucun cri discordant ; Tout le monde au labeur productif C’est la paix. C’est l’ordre. C’est le travail. Aucun motif d’insatisfaction. - Je vois Paix, ordre travail Votre monde est sûr comme une caserne Et la vie a surgi pour le risque de la vivre Les feuilles des arbres ne se balancent même pas : Mais moi Je rêve d’un monde au mouvement équilibré, Pas de l ‘annulation du mouvement ; Même les pierres obéissent : Mais moi je veux Un monde où les contraires s’harmonisent, Pas l’élimination des contraires Même les âmes transpirent : Mais moi je lutte pour un monde Où non seulement l’homme réalise des activités, Mais où les activités réalisent aussi l’homme Un monde De paix, d’ordre, de travail (Et de justice, Et de liberté, Et de plaisir.)
Extrait de décision
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